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448 LIVRE V. LE RÉGIME MUNICIPAL DISPARAIT.

un vaste ensemble de cités distinctes entre elles, et ayant \ leur tête une cité maîtresse. Il n'en était rien. La conquête romaine avait pour effet d'opérer dans l'intérieur de chaque ville une véritable transformation.

D'une part étaient les sujets, dedititii; c'étaient ceux qui, ayant promîncé la formule de deditio, avaient livré au peuple romain « leurs personnes, leurs murailles, leurs terres, leurs eaux, leurs maisons, leurs temples, leurs dieux ». Ils avaient donc renoncé, non-seulement à leur gouvernement municipal, mais encore k tout ce qui y tenait chez les anciens, c'est-à- dire à leur religion et à leur droit privé. A partir de ce moment, ces hommes ne formaient plus entre eux un corps politique; ils n'avaient plus rien d'un société régulière. Leur ville pou- vait rester debout, mais leur cité avait péri. S'ils continuaient à vivre ensemble, c'était sans avoir ni institutions, ni lois, ni magistrats. L'autorité arbitraire d'un prasfectits envoyé par Rome maintenait parmi eux l'ordre matériel*.

D'autre part étaient les alliés, fœderati ou socii. Ils étaient moins mal traités. Le jour oîi ils étraient entrés dans la domi- nation romaine, il avait été stipulé qu'ils conserveraient leur régime municipal et resteraient organisés en cités.. Ils conti- nuaient donc à avoir, dans chaque ville, une constitu>tion propre, des magistratures, un sénat un prytanée, des lois, des juges. La ville était réputée indépendante et semblait n'avoir d'autres relations avec Rome que celles d'une alliée avec son alliée. Toutefois, dans les termes du traité qui avait été rédigé au moment de la conquête, Rome avait inséré cette formule : majestatem populi romani comiter conservato*. Ces mots établissaient la dépendance de la cité alliée à l'égard de la cité maîtresse, et comme ils étaient très-vagues, il en résultait que la mesure de cette dépendance était toujours au gré du plus fort. Ces villes qu'on appelait libres, recevaient- des ordres de Rome, obéissaient aux proconsuls, et payaient des impôts aux publicaina * leurs ma istrats rendaient leurs

1. Tite-Live, I, Ï8; VII, 31; K, 30; XXVI, l«; XXVm, S4. Cieéron, Dé Uge agr., 1, 6; II, 35. Festns, T» Prsefecturse.

2. Cieéron, pro Boifto. 16

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