Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/58

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fnO LIVRE II. LA FAMILLE.

Les hommes de l'Italie et de la Grèce ont longtemps pensé de même. S'ils ne nous ont pas laissé dans leurs écrits une ex- oression de Jeurs croyances aussi nette que celle que nous trouvons dans les vieux livres de l'Orient, du moins leurs lois sont encore là pour attester leurs antiques opinions. A Athènes la loi chargeait le premier magistrat de la cité de veiller à ce qu'aucune famille ne vînt à s'éteindre '. De même la loi ro- maine était attentive à ne laisser tomber aucun culte domes- tique *. On lit dans un discours d'un orateur athénien : « Il n'est pas un homme qui, sachant qu'il doit mourir, ait assez peu de souci de soi-même pour vouloir laisser sa famille sans descendants; car il n'y aurait alors personne pour lui rendre le culte qui est dû aux morts » ». Chacun avait donc un intérêt puissant à laisser un fils après soi, convaincu qu'il y allait de -son immortalité heureuse. C'était même un devoir envers les ancêtres, puisque leur bonheur ne devait durer qu'autant que durait la famille. Aussi les lois de Mpjiou appelaient-elles le fils aine a celui qui est eûgendrô pour l'accomplissement du devoir ».

Nous touchons ici à l'un des caractères les plus remarquables de la famille antique. La religion qui Ta formée exige impérieuse- ment qu'elle ne périsse pas. Une famille qui s'éteint, c'est un culte qui meurt. Il faut se représenter ces familles à l'époque où les croyances ne se sont pas encore altérées. Chacune d'elles pos- sède une F jligion et des dieux, précieux dépôt sur lequel elle doit veiller. Le plus grand malheur que sa piété ait à craindre est que sa lignée s'arrête. Car alors sa religion disparaîtrait de la terre, son foyer serait éteint, toute la série de ses morts tomberait dans l'oubli et dans l'éternelle misère. Le grand in- térêt de la vie humaine est de continuer la descendance pour continuer le culte.

El vertu de ces opinions, le célibat devait être à la fois un« 

��I. Ifiée, De ApoUod. tured-^ 30; Démosthèoe, in Macart., 7&.

3. Cicéron, De legibu», II, tB : Perpétua tint «ocra. DeDya-, IX, 23 : (va |»^

8. Isée, VII, De ApoUod. her., M. Cf. Stob««, ««rm., LXVU, 3& : «I t«.

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