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le cœur.


L’adolescent devint jeune homme.
Il fit le tour de ce qu’on nomme
Avec colère ou volupté.
Le cœur battit pour le sublime,
Les vers et leur musique intime,
La patrie et la liberté.

Dans cette poitrine sonore,
Le cœur battait, battait encore !
Et, l’instant du premier baiser,
Quand les lèvres disaient : « Je t’aime ! »
Étonné de souffrir quand même,
Le cœur battit à se briser.

Il ne souffre plus, à cette heure ;
Son bonheur, calme et chaud, demeure
Dans le nid des sûres amours ;
Devant l’enfantelet qui jase,
Tantôt d’effroi, tantôt d’extase,
Mon cœur, mieux ouvert, bat toujours.

Combien a-t-il de temps à battre ?
Projets, veillée au coin de l’âtre,
Larmes douces, rire charmant,
Tout est périssable et fragile :
Dieu n’a pas fait nos cœurs d’argile
Pour un éternel battement.