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TOI ET MOI

Et puis je retrouve ma peine.
Elle est là, dans l’appartement,
qui me poursuit et qui se traîne
derrière moi, le long des meubles, tout le jour…
Ah ! ces soirs sans baisers, ces matins sans bonjour,
ces nuits que je passe éveillé
à remuer de vieux souvenirs de bonheur,
et que ne comblent plus ton souffle, ni l’odeur
de tes cheveux sur l’oreiller !…
Si tu savais, l’ennui !… l’ennui !…
On est si seul, tout seul !… La chambre est comme morte
où tu mettais ton ordre et ton désordre. Et puis
les choses qu’on remue, les armoires, les portes,
font un bruit différent, bizarre, inexpliqué,
un bruit de plainte et de malaise, qui insiste,
et met dans tout ce vide une présence triste
comme la pluie autour d’un rendez-vous manqué…
Tout prend un sens lugubre : une voix qui chantonne,
un cri d’enfant, des sons de piano, un pas