Page:Géraldy - Toi et Moi, 1922.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
131
TOI ET MOI

si changée, si diminuée,
si ténue et si dénuée,
que ce n’était presque plus toi
qui parlais dans la chambre sombre,
mais quelque chose comme l’ombre
ou le fantôme de ta voix…
Je m’étais dit, ma chère absente,
que je te sentirais penchée
vers ma bouche, et sinon présente,
du moins mille fois rapprochée…
Mais au contraire à ce moment
la distance semblait accrue
entre nous indéfiniment…
Et tout à coup, tu m’as parue,
au bout de ce fil décevant,
si désespérément lointaine,
que je me suis trouvé, devant
ce téléphone, avec ma peine,
plus seul et plus perdu qu’avant.