Page:Gérin-Lajoie - Dix ans au Canada, de 1840 à 1850, 1888.djvu/476

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Le brillant avocat ne se releva jamais de cet échec, et à l’expiration de son mandat il se retira tout à fait de la politique.

Après quelques mots de M. Witenhall, qui secondait la motion de M. Dumas, le colonel Prince fit un discours dans lequel il reprocha amèrement au gouverneur d’avoir lu le discours du trône dans la langue française. Cette sortie était d’autant plus inconvenante que le colonel Prince représentait le seul comté du Haut-Canada où la population canadienne française fût quelques peu considérable. M. Papineau, qui lui succéda, ne partageait point ce sentiment-là du colonel Prince, mais sur tout le reste son opposition au ministère fut beaucoup plus violente. M. Papineau parla quatre fois sur l’adresse, deux fois en anglais et deux fois en français ; on calcula qu’il avait parlé en tout pendant douze heures. Il va sans dire qu’il se répétait fréquemment ; personne d’ailleurs n’eut plus que M. Papineau le talent de répéter les mêmes idées, les mêmes accusations, en les revêtant à chaque fois d’une nouvelle forme. L’Avenir publia quelques jours plus tard un discours qui fut considéré comme le résumé des quatre discours de M. Papineau. Nous le donnons en entier, parce qu’il contient l’exposé des sentiments professés alors par M. Papineau, sentiments qu’il continua à développer dans tout le cours de la session :


« Je me lève pour dire le peu de mots que j'ai à dire à l'occasion des circonstances qui ont accompagné la convocation du parlement provincial, cette année. Dans la manière qu'il a été ouvert, il y a quelque chose d'inaccoutumée. C'est un acte de justice trop agréable, trop digne d'approbation, de la part du souverain du pays, pour qu'on pût se permettre d'en faire un sujet de basses railleries, comme on s'en est permises. Le gouverneur a prononcé son discours en anglais et en français. Le rétablissement de la langue française dans le parlement canadien était un acte de stricte justice, que nous devait l'autorité constituée. Son excellence remplissait donc son devoir en agissant comme il l'a fait. Il l'a fait avec toute l'attention et la courtoisie qu'on