Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/109

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III. Au même siècle que Bossuet, dans la Bourgogne, naquit le jeune VAUBAN. Dès l’âge de dix-sept ans il s’engagea comme soldat, et se fit tout de suite remarquer par son courage. Un jour, au siège d’une petite ville dont les murs étaient entourés par une rivière, il se jeta à la nage et, montant sur les remparts, entra le premier dans la place.

Cependant, si Vauban n’avait été que brave, son nom eût pu être oublié dans un pays où la bravoure est si peu rare ; mais Vauban était studieux, et tous les loisirs que lui laissait le métier de soldat, il les consacrait à l’étude. Il s’occupait des sciences ; il lisait au milieu des camps des livres de géométrie. Il obtint le grade d’ingénieur, et ce fut comme ingénieur qu’il montra son génie. Le roi Louis XIV le chargea de fortifier nos principales places de guerre. Toute la ceinture de places fortes qui défend la France est son œuvre : Dunkerque, Lille, Metz, Strasbourg, Phalsbourg, Besançon et plus de trois cents autres.

VAUBAN, né en 1632, près de Saulnier (Yonne), mort en 1707.


— Quoi ! s’écria le petit Julien, c’est Vauban qui a fortifié Phalsbourg, où je suis né, et Besançon, dont j’ai si bien regardé les murailles ! Voilà un grand homme dont je n’oublierai pas le nom à présent. Puis il reprit sa lecture.


Au milieu de tous ses travaux, Vauban était sans cesse préoccupé de la prospérité de son pays et des moyens de soulager la misère du peuple. Dans la guerre, il donnait toujours au roi les conseils les plus humains, et il s’efforçait d’épargner le sang des soldats. Pendant les nombreux sièges qu’il conduisit, on le voyait s’exposer lui-même au danger : il s’avançait jusque sous les murs ennemis pour bien connaître les abords de la place, et cherchait les endroits par où on pourrait l’attaquer sans sacrifier beaucoup d’hommes ; quand on s’efforçait de le retenir : « Ne vaut-il pas mieux, répondait-il, qu’un seul s’expose pour épargner le sang de tous les autres ? »

Dans la paix, il pensait encore au peuple de France, si malheureux alors au milieu des guerres et de la famine qui se