Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/115

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tout leur cœur ; mais ils sont obligés de faire attention.

— C’est vrai, dit le petit garçon en se redressant et en dominant son émotion. Comme ils sont courageux ! Monsieur Gertal, je ne vais plus penser à avoir peur, mais je vais vous écouter et bien regarder pour comprendre.

— Eh bien, examine d’abord, en face de toi, ces hautes tours de quinze à vingt mètres : ce sont les hauts-fourneaux que nous voyions briller la nuit comme des brasiers. Il y en a une quinzaine au Creusot. Une fois allumés, on y entretient jour et nuit sans discontinuer un feu d’enfer.

— Mais pourquoi a-t-on besoin d’un si ardent brasier ?

— C’est pour fondre le minerai de fer. Quand le fer vient d’être retiré de la terre par les mineurs, il renferme de la rouille et une foule de choses, de la pierre, de la terre ; pour séparer tout cela et avoir le fer plus pur, il faut bien faire fondre le minerai. Mais songe quelle chaleur il faut pour le fondre et le rendre fluide comme de l’huile ! A cette chaleur énorme, le fer et les pierres deviennent liquides, mais le fer, qui est plus lourd, se sépare des pierres et tombe dans un réservoir situé au bas du haut-fourneau. Les dix-sept hauts-fourneaux du Creuzot produisent ainsi chaque jour 500.000 kilogrammes de fer fondu ou de fonte.



XLIX. — La fonderie, la fonte et les objets en fonte.


N’ignorons pas l’origine et l’histoire des objets dont nous nous servons.


— Regarde ! regarde ! s’écria André ; on ouvre en ce moment le réservoir du haut-fourneau. Voilà le fer fondu qui coule dans des rigoles pratiquées sur le sol.

— Oh ! fit Julien en frappant dans ses mains d’admiration, on dirait un ruisseau de feu qui coule. Oh ! oh ! comme il y en a ! Quel brasier ! Quand je pense que c’est là du fer !

— Ce n’est pas du fer pur, Julien, dit M. Gertal ; c’est du fer encore mêlé de charbon et qu’on appelle la fonte. Tu en as vu bien souvent : rappelle-toi les poêles de fonte et les marmites.

— Qui se brisent quand on les laisse tomber, interrompit le petit Julien ; je ne le sais que trop !

— C’est là justement le défaut de la fonte : elle se brise trop aisément et n’a pas la solidité du fer pur. Pour changer cette fonte que tu vois en un fer pur, il faudra la remettre