Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/14

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Tandis qu’elle pliait avec soin le gilet d’André, un petit papier bien enveloppé tomba d’une des poches.

— Oh ! se dit l’excellente femme, ce doit être là qu’est renfermée toute la fortune de ces deux enfants ; si, comme je le crains, la bourse est trop légère, on fera son possible pour y ajouter quelque chose.

Et elle développa le petit paquet. — Dix, vingt, trente, quarante francs, se dit-elle ; que c’est peu pour aller si loin !… la route est bien longue d’ici à Marseille. Et les jours de pluie, et les jours de neige ! car l’hiver bientôt va venir… Les yeux de la mère Étienne étaient humides.


Le poêle — Le poêle est nécessaire dans les pays froids comme ceux de l’est et du nord ; car il donne plus de chaleur qu’une cheminée, mais cette chaleur est moins saine, elle rend l’air trop sec. Pour y remédier, il est bon de placer sur le poêle un vase rempli d’eau.


— Et dire qu’avec si peu de ressources ils n’ont point hésité à partir !… O pauvre France ! tu es bien malheureuse en ce moment, mais tu dois pourtant être fière de voir que, si jeunes, et pour rester tes fils, nos enfants montrent le courage des hommes… Seigneur Dieu, ajouta-t-elle, protège-les !… fais qu’ils rencontrent durant leur longue route des cœurs compatissants, et que pendant les froides soirées de l’hiver ils trouvent une petite place au foyer de nos maisons.

Pendant qu’elle songeait ainsi en son cœur, elle s’était approchée de son armoire et elle atteignait sa petite réserve d’argent, bien petite, hélas ! car le père et la mère Étienne avaient cruellement souffert des malheurs de la guerre. Néanmoins, elle y prit deux pièces de cinq francs et les joignit à celles d’André :

— Étienne sera content, dit-elle : il m’a recommandé de faire tout ce que je pourrais pour les enfants de son vieux camarade.