Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/161

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A ce moment, on entrait dans Saint-Étienne et on y voyait de grandes rues bordées de belles maisons, mais tout cela était noirci par la fumée des usines ; la terre elle-même était noire de charbon de terre, et quand le vent venait à souffler, il soulevait des tourbillons de poussière noire.

La voiture se dirigea vers une hôtellerie que connaissait M. Gertal et qui était située non loin de la grande Manufacture nationale d’armes.

Quand on arriva, il était déjà tard et le travail venait de cesser à la Manufacture. Alors, à un signal donné, on vit tous les ouvriers sortir à la fois : c’était une grande foule, et Julien les regardait passer avec surprise, en se demandant comment on pouvait occuper tant de travailleurs.

— Et tous les fusils dont la France a besoin pour ses soldats ! lui dit André ; ne crois-tu pas qu’il y ait là de quoi donner de la besogne ? Sans compter les sabres, les épées, les baïonnettes : la plus grande partie de tout cela se fait à Saint-Étienne. C’est dans la petite rivière qui coule ici, et qui s’appelle le Furens, qu’on trempe l’acier des sabres et des épées, pour les rendre plus durs et plus flexibles.

OUVRIER TREMPANT L’ACIER. — Pour donner de la dureté et de l’élasticité à l’acier (par exemple, aux lames de sabres et d’épées), on le fait rougir, puis on le trempe tout à coup dans l’eau froide.


— Oui, mes amis, dit M. Gertal, Saint-Étienne est la ville du fer et de l’acier. Cependant l’industrie du fer n’occupe encore que la moitié de ses nombreux ouvriers. Ce ne sont point des objets de quincaillerie que je vais acheter ici ; ce sont des soieries, des rubans, des velours. Il y a à Saint-Étienne plus de 40.000 ouvriers occupés à tisser la soie. Ici encore on trouve ces métiers inventés par Jacquard qui fabriquent jusqu’à trente-six pièces de rubans à la fois.