Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Tiens ! dit l’enfant, l’étrange chose ! Pourquoi donc cueille-t-on les feuilles de ces beaux arbres ? Serait-ce pour donner à manger aux vaches ?

— Mais non, Julien ; réfléchis, tu vas trouver ce que l’on veut faire quand tu sauras que ce sont là des mûriers.

— Des mûriers ?… reprit Julien. Oh ! mais oui, je sais à présent. On nourrit les vers à soie avec les feuilles de mûrier.

VER A SOIE SUR UNE FEUILLE DE MURIER. — Le ver à soie a environ 0m06 de long ; il est blanc avec une petite tête. Le mûrier blanc, dont il se nourrit, est originaire de la Chine. On a pu l’acclimater dans le midi de la France et même dans certains points du centre comme la Touraine. Cet arbre s’élève de 8 à 10 mètres dans nos climats, et jusqu’à 20 mètres dans les climats chauds.


— Justement, dit André. C’est dans la vallée du Rhône, dans le Dauphiné et dans le Languedoc, qu’on élève les vers, pour tisser plus tard leur soie à Lyon et à Saint-Étienne. Comme nous suivrons le Rhône à travers le Dauphiné et la Provence jusqu’à Marseille, nous verrons dans la campagne des mûriers presque tout le temps.

— Et ce sont les vers à soie qui mangent ces sacs de feuilles ? Mon Dieu, faut-il qu’il y en ait de ces vers !

UNE MAGNANERIE DANS LE DAUPHINÉ. — Les magnaneries sont des chambres dans lesquelles on a installé les unes au dessus des autres, des claies de roseaux. Les œufs des vers à soie sont placés sur ces claies, et pour qu’ils puissent éclore, on chauffe ces chambres. Souvent les magnaneries sont mal tenues et trop petites pour le nombre de vers qu’on y entasse ; ce qui a amené dans les dernières années une dégénérescence des vers à soie.


— Il s’est trouvé des années, m’a dit M. Gertal, où on a récolté dans la vallée du Rhône jusqu’à vingt-huit millions de kilogrammes de cocons de soie ; et un cocon, qui est le travail d’un seul ver, pèse si peu, qu’il