quais de Cette, jusqu’à ce qu’il aperçût le Perpignan. Mais il eut beau se hâter, il arriva en retard.
Le patron était à bord, fort impatient, car il n’attendait qu’André pour donner le signal du départ ; ce qui lui fit accueillir les enfants avec la plus grande brusquerie : il se repentait déjà, disait-il, de s’être chargé d’eux, et il le leur répéta devant tous les marins.
André s’excusa aussi poliment qu’il put, et Julien, tout interdit, se blottit en silence sur un coin du pont, entre deux sacs de garance d’Avignon, où le patron d’un geste avait fait signe de le déposer.
Le bateau se mit en marche. Julien n’était pas gai, mais il fut heureusement tiré de ses réflexions en voyant une chose qu’il n’avait jamais vue. Au moment où le bateau arriva devant un pont qui traversait le canal, on s’arrêta : le pont était en effet trop bas pour que le bateau pût passer dessous. Mais tout d’un coup, à un signal donné, le pont, qui était en fer, se mit lui-même en mouvement, et tournant comme le battant d’une porte, laissa passage au bateau. Le Perpignan continua fièrement sa route.
Julien fut émerveillé. Il aurait bien voulu questionner quelqu’un, mais il n’osait pas : chacun était à son poste, fort occupé. André, appuyé sur une longue perche à crochets de fer qu’il plongeait dans l’eau et retirait tour à tour, poussait comme les autres le bateau, qui s’avançait ainsi lentement.