cette chambre il y avait un second lit tout prêt pour l’arrivée des deux orphelins.
Quoique Frantz eût été gravement malade, il reprenait ses forces assez vite. C’était un robuste Lorrain, de grande taille et de constitution vigoureuse. — Dans huit jours, dit-il aux enfants, je serai de force à travailler.
— Attendez-en quinze, mon oncle, dit André ; cela vaudra mieux.
Après les chagrins que Frantz Volden venait d’éprouver, il se sentit tout heureux d’avoir auprès de lui ces deux enfants. La sagesse et le courage d’André l’émerveillaient et le réconfortaient, la vivacité et la tendresse de Julien le mettaient en joie. L’enfant depuis bien longtemps n’avait été aussi gai. Quand il marchait dans les rues de Bordeaux ou sur la grande place des Quinconces, tenant son oncle par la main, il se dressait de toute sa petite taille, il regardait les autres enfants avec une sorte de fierté naïve, pensant en lui-même : — Et moi aussi j’ai un oncle, un second père, j’ai une famille ! Et nous allons travailler tous à présent pour gagner une maison à nous.
— Enfants, dit un matin l’oncle Frantz, voici mon avis sur notre situation. Nous avons beau être sur le sol de la France, cela ne suffit pas aux Alsaciens-Lorrains pour être regardés comme Français ; il leur faut encore remplir les formalités exigées par la loi dans le traité de paix avec l’Allemagne. Donc nous avons tous les trois à régler nos affaires en Alsace--