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IX. — Le nuage sur la montagne. — Inquiétude des deux enfants.


Le courage ne consiste pas à ne point être ému en face d’un danger, mais à surmonter son émotion : c’est pour cela qu’un enfant peut être aussi courageux qu’un homme.


Après un petit temps de repos ils se remirent en route. Mais tout à coup l’obscurité augmenta. Julien effrayé se serra plus près de son grand frère.

Bientôt les étoiles qui les avaient guidés jusqu’alors disparurent. Un nuage s’était formé au sommet de la montagne, et, grossissant peu à peu, il l’avait enveloppée tout entière. Les enfants eux-mêmes se trouvèrent bientôt au milieu de ce nuage. Entourés de toutes parts d’un brouillard épais, ils ne voyaient plus devant eux.

Ils s’arrêtèrent, bien inquiets ; mais tous deux, pour ne pas s’affliger l’un l’autre, n’osèrent se le dire.

LE NUAGE SUR LA MONTAGNE. — Les nuages sont formés de la vapeur d’eau qui s’échappe de la mer, des fleuves et de la terre : ils ne sont pas toujours très élevés en l’air ; fréquemment ils se traînent sur les montagnes et on les voit flotter sur leurs flancs. Les voyageurs qui gravissent une montagne entrent souvent dans les nuages ; ils se trouvent alors au milieu d’un épais brouillard et courent le danger de se perdre.

— Donne-moi ton paquet, dit André à Julien ; je le joindrai au mien ; ton bâton sera libre, il me servira à tâter la route comme font les aveugles, afin que nous ne nous heurtions pas aux racines ou aux pierres. J’irai devant ; tu tiendras ma blouse, car mes deux mains vont être embarrassées ; mais je t’avertirai, je te guiderai de mon mieux. N’aie pas peur, mon Julien.