Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/241

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— Tu as fait tout comme moi, lui dit-il, et je te remercie d’avoir si bien compris ce que j’aurais fait moi-même à ta place.

Alors Bertrand se remit en route pour aller retrouver le prince Noir.

— Où allez-vous loger ? lui demanda celui-ci.

— En prison, monseigneur, répondit Bertrand. J’ai reçu plus d’or, il est vrai, qu’il n’était nécessaire pour me libérer ; mais j’ai tout dépensé à racheter mes pauvres compagnons d’armes, de sorte qu’il ne me reste plus un denier.

— Par ma foi ! avez-vous vraiment été assez simple que de délivrer les autres pour demeurer vous-même prisonnier ?

— Oh ! sire, comment ne leur aurais-je pas donné ? Ils étaient mes frères d’armes, mes compagnons.

Duguesclin ne resta pourtant point en prison : peu de temps après son retour, on vit arriver aux portes de la ville des mulets chargés d’or. C’était le roi de France qui envoyait la rançon de son fidèle général.

Duguesclin put donc recommencer à combattre pour son pays. Il chassa successivement les Anglais de toutes les villes qu’ils occupaient en France, sauf quatre.

DUGUESCLIN, né en 1314, près de Rennes, mort en 1380. Il fut le grand lieutenant du roi Charles V, qui aimait peu la guerre, mais qui, grâce à Duguesclin, put défendre la France contre les Anglais et en reconquérir la plus grande partie.


Duguesclin était déjà vieux et il combattait encore ; il assiégea la forteresse de Châteauneuf-de-Randon, située dans les montagnes des Cévennes. Le gouverneur de la ville promit de se rendre. Mais Duguesclin mourut sur ces entrefaites ; la ville se rendit néanmoins au jour fixé, et on apporta les clefs des portes sur le tombeau de Duguesclin, comme un dernier hommage rendu à la mémoire du généreux guerrier.

— Julien, dit l’oncle Frantz, tu as très bien lu cette histoire. Mais je veux à présent que tu nous dises, à Guillaume et à moi, ce que tu en penses.

— Mon oncle, je pense que ce Duguesclin était un bien parfait honnête homme.


— Cela, dit l’oncle Frantz, ce n’est pas difficile à trouver, Julien ; mais voyons, explique-nous pourquoi. Lire n’est rien, comprendre ce qu’on lit est tout.

Julien réfléchit, et après un petit moment qu’il employa à mettre ses idées en ordre, il répondit :

— D’abord, mon oncle, Duguesclin était très brave et aimait beaucoup sa patrie ; ensuite il était plein de compassion pour les autres, puisqu’il songeait plus à ses compagnons qu’à lui-même ; et enfin, ajouta le petit Julien en regardant