Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/276

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ministre put suffire à accomplir à la fois tant de travaux et de réformes diverses.

— Mon Dieu, dit Julien en lui-même, voilà un homme qui a été bien utile à la France ; et pourtant c’était le fils d’un simple marchand de draps, ce Colbert. Mais ce n’était pas un paresseux seize heures de travail par jour, comme il prenait de la peine ! Allons, je vois que, pour arriver à faire bien des choses et à les bien faire, il faut travailler sans cesse.


II.   PHILIPPE LEBON naquit dans un village de la Haute-Marne. Devenu ingénieur des ponts et chaussées, il était à la campagne, chez son père, lorsqu’il fit une des plus importantes découvertes de notre siècle. Il était occupé à des expériences de physique et de chimie, et chauffait sur le feu une fiole remplie de sciure de bois : le feu s’étant communiqué à la fumée et au gaz qui s’échappaient de la fiole, ce gaz se mit à brûler d’un vif éclat. Aussitôt, Philippe Lebon conçut la pensée d’éclairer les maisons et les villes au moyen du gaz qui sort du bois ou du charbon de terre quand on les chauffe fortement. Il était tellement enthousiasmé de sa découverte, qu’il disait aux habitants de son village :

USINE A GAZ. — Pour fabriquer le gaz, on enferme du charbon dans de grands cylindres de fonte et on le fait chauffer ; le gaz s’en échappe et, après avoir été purifié, il se rend sous ces espèces de grandes cloches renversées qu’on voit à gauche dans la gravure, et qu’on appelle gazomètres. De ces cloches partent les tuyaux qui conduisent le gaz dans les magasins et dans les rues.


— Je retourne à Paris, et de là je puis, si vous voulez, vous chauffer et vous éclairer avec du gaz que je vous enverrai par des tuyaux.

On le traita de fou, mais son invention, loin d’être une folie, est une des plus utiles applications de la science.

Philippe Lebon eut bien de la peine pour faire accepter en France son idée, et même il n’y put réussir. C’est en Angleterre qu’on adopta d’abord sa découverte.

Au milieu de ses efforts et de ses courageux essais, Philippe Lebon