Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/308

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Mais aussi comme tout le monde travaille à la Grand’Lande ! C’est une vraie ruche où les paresseux ne trouveraient pas de place.

Venez avec moi, nous la parcourrons en quelques instants.

LA FERME RÉPARÉE PAR LA PAIX. — Peu de nations ont éprouvé un plus grand désastre que la France en 1870, mais peu de nations auraient pu la réparer avec une aussi grande rapidité. Malgré cette crise violente, notre commerce, déjà considérable, a continué à s’accroître ; il a augmenté de plus d’un milliard. C’est par le travail et l’activité de tous ses enfants que la patrie devient ainsi chaque jour plus prospère.

Il est à peine jour sur les coteaux verts de la ferme, mais les coqs vigilants ont salué la petite pointe de l’aurore : à leur voix le poulailler s’éveille ; une trentaine de poules, caquetant et chantant, vont chercher dans la rosée les petits vers qu’a fait sortir la fraîcheur de la nuit. Bientôt la ménagère matinale, la bonne dame Guillaume, elle aussi sera debout. Regardez : sa fille aînée la suit. Adèle est une belle et laborieuse fille qui a déjà quinze ans et demi, et qui, active comme sa mère, court partout où sa présence est utile, à la laiterie, aux étables, au potager.

Le potager, c’est surtout le domaine de l’oncle Frantz. Le voyez-vous qui tire au cordeau des planches symétriques pour repiquer des salades ? L’oncle Frantz est un jardinier de premier ordre. Il a aussi un verger superbe, avec des espaliers que ne renieraient point les horticulteurs de la banlieue parisienne.

Mais voici le pilote Guillaume. Il conduit à l’abreuvoir le joli troupeau de vaches, les juments et leurs poulains. Le vieux pilote a pris tout ce bétail sous sa haute juridiction, et il aime son troupeau comme jadis il affectionnait son navire :