nous nous rendons, est en pleines montagnes, sur la frontière suisse.
En effet, la route ondulait continuellement en côtes et en descentes rapides. Par moments on apercevait les hautes cimes du Jura montrant au loin leurs premières neiges, et de noirs sapins poudrés de givre s’étalaient sur les flancs escarpés de la montagne.
— Regarde, Julien, dit André : voilà un pays qui ressemble aux Vosges.
— Oui, dit l’enfant, cela me fait songer au jour où nous avons traversé la montagne pour passer en France.
— Le Jura, en effet, a plus d’un rapport avec les Vosges, dit le patron ; mais il a des cimes plus élevées.
— Eh oui, mon ami ; aussi nous ne nous attarderons pas longtemps dans ce pays : d’ici à quinze jours, il y aura sans doute des neiges partout où nous sommes.
Lorsqu’on arriva au bourg des Rousses, le soleil venait de se coucher ; c’était l’heure où les vaches descendaient toutes à la fois des pâturages de la montagne pour rentrer aux étables. On arrêta Pierrot, afin de ne pas effaroucher les bonnes bêtes ; celles-ci s’en revenaient tranquillement, faisant sonner leurs clochettes dont le bruit rustique emplissait la vallée.
Julien n’avait jamais été à pareille fête, car il n’avait pas