Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/85

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Tandis que les deux jeunes ouvriers en horlogerie causaient ainsi avec André, la fermière s’était assise avec sa fille auprès de l’autre lampe. Elle avait un métier à faire les bas et travaillait avec activité. Pendant ce temps, le plus jeune des enfants faisait son devoir pour l’école du lendemain.

— Oh ! pensa Julien, qui n’avait rien perdu de tout ce que l’on faisait et disait, je vois qu’il n’y a pas que la Lorraine où l’on sache bien travailler. C’est égal, je n’aurais jamais cru que ce fut dans les fermes que l’on fit les choses délicates de l’horlogerie.

Julien, tout en réfléchissant ainsi, s’approcha du jeune enfant qui travaillait à ses devoirs. Il fut surpris de voir qu’il dessinait, et que son cahier était couvert de rosaces et d’étoiles, de fleurs, d’animaux, de jolies figures d’ornementation qu’il avait tracées lui-même.

— Quoi ! lui dit-il, vous avez appris le dessin, déjà ?

— Il faut bien, dit l’enfant ; le dessin est si utile aux ouvriers ! Il nous sert beaucoup pour tous les travaux que nous faisons pendant l’hiver.

DESSIN D’ORNEMENTATION. — Les dessins d’ornementation imitent avec art les formes des plantes et des animaux, ainsi que des figures géométriques les plus élégantes, cercle, ovale, spirale, etc.

— Oui, reprit la fermière ; nous avons huit mois d’hiver sur la montagne ; durant ces longs mois, la neige couvre tout, et il faut rester chez soi auprès du feu. Il y a même des villages où l’on est si enveloppé par les neiges de toutes parts, qu’on ne peut plus communiquer avec le reste du pays. La terre ne nous donnerait pas de quoi vivre si nous ne travaillions beaucoup et si nous restions ignorants. Mais nous avons de bonnes écoles, où on