Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/89

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— C’est l’aurore du soleil levant, petit Julien ; le soleil commence toujours par éclairer les plus hauts sommets ; aussi, dans tout ce pays, c’est le mont Blanc qui reçoit chaque matin les premiers rayons du soleil. Regarde encore.

— Oh ! mais voici tous les sommets des autres montagnes qui s’illuminent à leur tour ; il y a, sur les neiges, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel : les unes sont violettes ou bleues, les autres lilas ou roses. On dirait une grande fête qui se prépare entre le ciel et la terre.

— Julien, c’est le jour qui commence. Vois : le soleil monte à l’horizon, rouge comme un globe de flamme ; devant lui, les étoiles s’effacent, et voici la lune qui pâlit à son tour.

— O mon Dieu, mon Dieu ! dit l’enfant en joignant ses petites mains, comme cela est beau !

— Oui, Julien, dit gravement M. Gertal, tu as raison, mon enfant : joins les mains à la vue de ces merveilles. En voyant l’une après l’autre toutes ces montagnes sortir de la nuit et paraître à la lumière, nous avons assisté comme à une nouvelle création. Que ces grandes œuvres de Dieu te rappellent le Père qui est aux cieux, et que les premiers instants de cette journée lui appartiennent.

Et tous les trois, se recueillant en face du vaste horizon des Alpes silencieuses, qui étincelaient maintenant sous les pleins rayons du soleil, élevèrent dans une même prière leurs âmes jusqu’à Dieu.



XXXIX. — L’ascension du mont Blanc. — Les glaciers. — Effets de la rareté de l’air dans les hautes montagnes. — Un savant courageux : de Saussure.


C’est l’amour de la science et le courage des savants qui ont fait faire de nos jours tant de progrès à l’humanité.


Lorsqu’on remonta en voiture, Julien était encore tout ému ; il ne cessait de regarder du côté du mont Blanc pour revoir ces neiges éternelles dont on lui avait tant parlé.

— Est-ce que nous allons passer par la Savoie, monsieur Gertal ? demanda-t-il.

— Point du tout, mon ami. Une fois notre marché fait dans la petite ville de Gex, nous tournerons le dos à la Savoie.

— C’est grand dommage, fit l’enfant : ce doit être bien beau à voir un pays pareil. Y êtes-vous allé, monsieur Gertal ?

— Oui, petit Julien, plusieurs fois.