Page:G. Bruno - Le Tour de la France par deux enfants, 1904.djvu/93

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montagne s’ébranlent aux roulements du tonnerre. Les pâtres alors, pour ramener le troupeau, le suivent dans toutes les directions, à la lueur des éclairs, en dépit de l’ouragan qui déracine les arbres, au-dessus des abîmes. Ils appellent chaque vache par son nom pour la calmer, et souvent, malgré leurs efforts, quand le matin arrive, plus d’une manque à l’appel : la tourmente les a jetées dans les précipices.

— Comment ? dit Julien, les vaches, qui ont un air si tranquille, sont si peu raisonnables que cela ? Mais alors, les pâtres doivent avoir grand’peur de l’orage.

— Certes, mon enfant, ils le redoutent ; aussi, quand ils en prévoient un, ils ne se couchent pas ; ils restent toute la nuit auprès de leurs vaches ; ils leur parlent tant que dure la tempête, ils les flattent de la main tour à tour, les appelant chacune par leur nom. Cela suffit pour tranquilliser ces bonnes bêtes. La présence et la voix de leur gardien les rassure ; elles ne bougent pas.

— Bon, dit Julien, les vaches sont comme les petits enfants ; elles ont peur quand elles se croient seules, et alors il n’est pas facile de les garder. C’est égal, monsieur Gertal, c’est bien intéressant, toutes ces histoires de la montagne.

Le patron sourit. — As-tu quelquefois entendu parler des chasses au chamois, Julien ? reprit-il.

LE CHAMOIS. — Le chamois vit en troupes dans les Alpes et aussi dans les Pyrénées, où on lui a donné le nom d’isard.

— Oh ! point du tout, je ne sais même pas ce que c’est qu’un chamois. Et vous, monsieur Gertal, en avez-vous vu ?

— Oui, j’en ai vu plusieurs. C’est un bel animal, qui vit sur les hautes montagnes. Il est grand comme une chèvre, et d’une agilité merveilleuse : d’un bond il saute par dessus les abîmes et disparaît avec la rapidité d’une flèche. Pour lui faire la chasse, il faut avoir soi-même une agilité bien grande ; les hommes les plus hardis grimpent aux endroits