Page:G. Scudéry - Arminius ou les Frères ennemis - 1644.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
52
ARMINIUS,

GERMANICUS.
Si le monde et le temps, m’ont bien appris l’usage,
De juger d’un grand cœur, par les traits du visage,
Cette illustre captive, est digne assurément,
Du soin que vous prenez d’adoucir son tourment.
Parlez belle étrangère, et nous faites connaître,
Qui d’entre les romains, s’est rendu votre maître ;
Apprenez nous quel bien vous espérez avoir,
Ou de notre clémence, ou de notre pouvoir.
SEGIMIRE.
Seigneur, pour bien user d’une faveur si grande,
La générosité règlera ma demande :
Et sans songer aux fers que je porte aujourd’hui,
Je ne veux travailler qu’à rompre ceux d’autrui.
Non, si vous m’accordez une grâce infinie,
Vous ne romprez seigneur, que les fers d’Hercinie.
Rendez à son mari, cet objet de pitié ;
Ne rompez point les nœuds d’une belle amitié ;
Et si j’obtiens ici, l’effet de ma prière,
Je remets en vos mains, une autre prisonnière,
Qui dans sa nation, tient un illustre rang,
Et ne cède à personne, en noblesse de sang ;
Le grand Inguiomere est chef de sa famille ;
Vous connaissez ce prince, en un mot, c’est sa fille.