Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/115

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vous m’ayez parlé de cela, vous allez me rendre un service.

— Bien volontiers. Lequel ?

— Imaginez-vous que j’ai dans mon secrétaire 12 ou 15,000 francs qui me gênent abominablement. Vous comprenez, je suis vieux, je ne suis pas brave, si on venait à se douter…

— Je craindrais, voulut objecter l’avocat.

— Quoi ! fit le bonhomme. Dès demain je vous les apporte.

Mais, songeant qu’il allait se mettre à la disposition de M. Daburon et que peut-être il ne serait pas libre quand il voudrait :

— Non ! pas demain, reprit-il, ce soir même. Ce diable d’argent ne passera pas une nuit de plus chez moi.

Il s’élança dehors et bientôt reparut tenant à la main quinze billets de mille francs.

S’ils ne suffisent pas, dit-il en les tendant à Noël, j’en ai d’autres.

— Je vais toujours, proposa l’avocat, vous donner un reçu.

— À moi ! pour quoi faire ? il sera temps demain.

— Et si je meurs cette nuit ?

— Eh bien ! fit le bonhomme, en songeant à son testament, j’hériterai encore de vous. Bonsoir. Vous m’avez demandé un conseil, il me faut la nuit pour réfléchir, j’ai présentement la cervelle à l’envers. Je