Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/200

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on ne s’aperçut de l’étrange situation de son esprit, tant sa conversation et ses manières étaient naturelles.

Dans l’après-midi seulement, un jeune homme de ses amis lui nomma le cercle de M. de Commarin fils et lui proposa de l’y conduire, en faisant partie lui-même.

M. Daburon accepta avec empressement et suivit son ami.

Le long de la route, il serrait avec frénésie le bois du revolver qu’il tenait caché. Il ne pensait qu’au meurtre qu’il voulait commettre, et au moyen de ne pas manquer son coup.

— « Cela va faire, se disait-il froidement, un scandale affreux, surtout si je ne réussis pas à me brûler la cervelle aussitôt. On m’arrêtera, on me mettra en prison, je passerai en cour d’assises. Voilà mon nom déshonoré. Bast ! que m’importe ! Je ne suis pas aimé de Claire, que me fait le reste ! Mon père mourra sans doute de douleur, mais il faut que je me venge !… »

Arrivés au club, son ami lui montra un jeune homme très-brun, à l’air hautain à ce qu’il lui parut, qui, accoudé à une table, lisait une revue.

C’était le vicomte.

M. Daburon marcha sur lui sans sortir son revolver. Mais, arrivé à deux pas, le cœur lui manqua. Il tourna brusquement les talons et s’enfuit, laissant