Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/29

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c’est comme ça, tu vas me faire une commission et je te donnerai dix sous. Tu vas courir jusqu’à la Seine. Avant d’arriver au quai, tu verras un grand bateau amarré ; tu y entreras et tu demanderas le patron Gervais. Sois tranquille, il y sera ; tu lui diras qu’il peut parer à filer, que je suis prêt. » Là-dessus, il m’a mis dix sous dans la main, et je suis parti.

— Si tous les témoins étaient comme ce petit garçon, murmura le commissaire, ce serait un plaisir.

— Maintenant, demanda le juge, dis-nous comment tu as fait ta commission.

— Je suis allé au bateau, monsieur, j’ai trouvé l’homme, je lui ai dit la chose, et c’est tout.

Gévrol, qui écoutait avec la plus vive attention, se pencha vers l’oreille de M. Daburon.

— M. le juge, fit-il à voix basse, serait-il assez bon pour me permettre de poser quelques questions à ce mioche ?

— Certainement, M. Gévrol.

— Voyons, mon petit ami, interrogea l’agent, si tu voyais cet homme dont tu nous parles, le reconnaîtrais-tu ?

— Oh ! pour ça, oui.

— Il avait donc quelque chose de particulier ?

— Dame !… sa figure de brique.

— Et c’est tout ?

— Mais oui ! monsieur.