Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/304

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— De la modération, répondit-il, je n’en manque pas, Dieu merci ! et je m’en vante. C’est que jamais on n’a rien vu de pareil. Tout ce que j’avais annoncé, on l’a trouvé. Fleuret cassé, gants gris perle éraillés, porte-cigare, rien n’y manque. On va, monsieur, vous apporter tout cela et bien d’autres choses encore. On a son petit système à soi, et il paraît qu’il n’est pas mauvais. Voilà le triomphe de ma méthode d’induction dont Gévrol fait des gorges chaudes. Je donnerais cent francs pour qu’il fût ici. Mais non, mon Gévrol tient à pincer l’homme aux boucles d’oreilles. Il est ma foi ! bien capable de mettre la main dessus. C’est un gaillard, Gévrol, un lapin, un fameux ! Combien lui donne-t-on par an, pour son habileté ?…

— Voyons, cher monsieur Tabaret, fit le juge, dès qu’il trouva jour à placer un mot, soyons sérieux, s’il se peut, et procédons avec ordre.

— Bast ! reprit le bonhomme, à quoi bon ! c’est une affaire toisée maintenant. Quand on va nous amener notre homme, montrez-lui seulement les éraillures retirées des ongles de la victime et ses gants à lui, et vous l’assommez. Moi je parie qu’il va tout avouer hic et nunc. Oui, je parie ma tête contre la sienne, quoiqu’elle soit bien aventurée. Et encore non, il sauvera son cou ! Ces poules mouillées du jury sont capables de lui accorder les circonstances atténuantes. C’est moi qui lui en donnerais ! Ah !