Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/388

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sentiments les plus nobles et les plus convenables. Il est doux et fort, magnanime, généreux, héroïque. Il est sans rancune et prêt à se sacrifier pour moi, afin de me récompenser de ce que j’ai fait pour lui. Il pardonne madame Gerdy, il aime Albert. C’est à mettre en défiance. Mais tous les jeunes hommes d’aujourd’hui sont ainsi. Ah ! nous sommes dans un heureux siècle. Nos fils naissent revenus de toutes les erreurs humaines. Ils n’ont ni les vices, ni les passions, ni les emportements de leurs pères. Et ces philosophes précoces, modèles de sagesse et de vertu, sont incapables de se laisser aller à la moindre folie. Hélas ! Albert aussi était parfait, et il a assassiné Claudine ! Que fera celui-ci ?… N’importe, ajouta-t-il à demi-voix, j’aurais dû l’accompagner chez Valérie.

Et, bien que l’avocat fût parti depuis dix bonnes minutes au moins, M. de Commarin, ne s’apercevant pas du temps écoulé, courut à la fenêtre avec l’espérance de voir Noël dans la cour et de le rappeler.

Mais Noël était déjà loin. En sortant de l’hôtel, il avait pris une voiture à la station de la rue de Bourgogne, et s’était fait conduire grand train rue Saint-Lazare.

Arrivé à sa porte, il jeta plutôt qu’il ne donna 5 francs au cocher, et escalada rapidement les quatre étages.

— Qui est venu pour moi ? demanda-t-il à la bonne.