Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Pas le moins du monde. Seulement, j’avoue…

— Quoi ! tu fais la grimace. Est-ce que par hasard tes opinions politiques te défendraient de faire soigner ta mère, pardon !… Madame Gerdy par une fille de Saint-Vincent ?

— Tu sauras, mon cher Hervé…

— Bon ! je te vois venir, avec l’éternelle rengaine : elles sont adroites, insinuantes, dangereuses, c’est connu. Si j’avais un vieil oncle à succession, je ne les introduirais pas chez lui. On charge parfois ces bonnes filles de commissions étranges. Mais qu’as-tu à craindre de celle-ci ? Laisse donc dire les sots. Héritage à part, les bonnes sœurs sont les premières gardes-malades du monde, je t’en souhaite une à ta dernière tisane. Sur quoi, salut, je suis pressé.

En effet, sans souci de la gravité médicale, le docteur se lança dans l’escalier, pendant que Noël tout pensif, le front chargé d’inquiétudes, regagnait l’appartement de madame Gerdy.

Sur le seuil de la chambre de la malade, la religieuse épiait le retour de l’avocat.

— Monsieur, fit-elle, monsieur !

— Vous désirez quelque chose, ma sœur ?

— Monsieur, la bonne m’a dit de m’adresser à vous pour de l’argent, elle n’en a plus, elle a pris à crédit chez le pharmacien.

— Excusez-moi, ma sœur, interrompit Noël d’un air vivement contrarié ; excusez-moi, ma sœur, de