Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/45

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d’une arme aiguë et fine qui doit être, si je ne m’abuse, un bout de fleuret démoucheté et aiguisé. En essuyant son arme au jupon de la victime il nous a laissé cette indication. Il n’a pas d’ailleurs été marqué dans la lutte. La victime s’est bien cramponnée à ses mains, mais comme il n’avait pas quitté ses gants gris…

— Mais c’est du roman ! exclama Gévrol.

— Avez-vous visité les ongles de la veuve Lerouge, M. le chef de la sûreté ? Non. Eh bien ! allez les inspecter, vous me direz si je me trompe. Donc, voici la femme morte. Que veut l’assassin ? De l’argent, des valeurs ? Non, non, cent fois non ! Ce qu’il veut, ce qu’il cherche, ce qu’il lui faut, ce sont des papiers qu’il sait en la possession de la victime. Pour les avoir il bouleverse tout, il renverse les armoires, déplie le linge, défonce le secrétaire dont il n’a pas la clé, et vide la paillasse.

Enfin il les trouve. Et savez-vous ce qu’il en fait, de ces papiers ? il les brûle, non dans la cheminée, mais dans le petit poêle de la première pièce. Son but est rempli désormais. Que va-t-il faire ? Fuir en emportant tout ce qu’il trouve de précieux pour dérouter les recherches et indiquer un vol. Ayant fait main-basse sur tout, il l’enveloppe dans la serviette dont il devait se servir pour dîner et, soufflant la bougie, il s’enfuit, ferme la porte en dehors et jette la clé dans un fossé… Et voilà.