Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/9

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Modestement placé près de la porte, Caldas considérait cette singulière assemblée. Il était venu des candidats de toutes les paroisses : il y en avait de très jeunes qui n’avaient pas encore de barbe, et de très vieux qui n’avaient plus de cheveux ; des gens d’une mise soignée, et des pauvres diables presque en haillons.

À un moment le silence fut troublé ; les élèves de la pension Labadens, qui prépare à tous les ministères (Trente ans de succès. — On traite à forfait), venaient de faire leur entrée.

Ces jeunes élèves portaient l’uniforme des lycées et empestaient la pipe et l’absinthe.

L’un d’eux vint s’asseoir à la gauche de Caldas ; déjà il avait à sa droite un vieillard sexagénaire dont les yeux s’abritaient derrière des lunettes vertes.

— Tous ces gens-là, pensait Caldas, ont pourtant un protecteur. Ils ont eu une signature illustre. Comment, par quels ressorts, par quels moyens ?… Quelles ont été leurs influences ? Sont-ils dans la manche d’une jolie femme, d’une chambrière, d’un perruquier ou d’un confesseur ? Ce serait, en vérité, une curieuse statistique.

Dix heures sonnèrent. On ferma les portes.

Un monsieur très décoré, qui occupait au fond de la