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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/228

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— Fritz, lui demanda sa patronne, êtes vous allé chez le commissaire ?

— Oui, madame.

— Que vous a-t-il dit ?

— Je ne l’ai pas trouvé, mais j’ai parlé à son secrétaire, M. Casimir, qui m’a dit de ne pas vous tourmenter, qu’il viendrait.

— Il n’est pas venu.

Le garçon leva les deux bras avec ce mouvement d’épaules qui est la plus éloquente traduction de cette réponse : « Que voulez-vous que j’y fasse !… »

— Vous voyez, monsieur… fit l’hôtelière, semblant croire que l’importun questionneur allait se retirer.

Telle n’était pas l’intention de Lecoq, et il ne bougea, encore qu’il eût besoin de tout son sang-froid pour garder, en dépit de l’émotion, son accent anglais.

— C’est bien désagréable, prononça-t-il, oh !… beaucoup ! Me voilà moins avancé que tout à l’heure et plus indécis, puisque je crois bien que cet homme est celui que je cherche, et que cependant je n’en suis pas assuré du tout.

— Dame !… monsieur, que voulez-vous que je vous dise !…

Lecoq se recueillit, fronçant les sourcils et pinçant les lèvres, comme s’il eût poursuivi quelque inspiration pour le sortir d’incertitude.

La vérité est qu’il cherchait par quel détour adroit se faire proposer par cette femme le livre de police où les hôteliers sont tenus de consigner les prénoms, noms, profession et domicile de tous les gens qui vien-