Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/250

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Si délicate que fût la flatterie, elle ne put tirer Lecoq de ses réflexions.

— Jusqu’à présent, reprit-il au bout d’un moment, cet habile metteur en scène m’a devancé, partout ; de là mes échecs. Ici, du moins, nous arrivons avant lui. Or, s’il y venait, c’est qu’il flaire un danger… Donc nous pouvons espérer. Remontons près de la femme de ce garnement de Polyte.

Hélas ! la pauvre Toinon-la-Vertu ne comprenait rien à cette aventure. Elle était restée sur son palier, tenant son enfant par la main, penchée sur la rampe de l’escalier, palpitante, l’œil et l’oreille au guet.

Dès qu’elle aperçut les deux agents qui remontaient aussi lentement qu’ils étaient descendus vite, elle s’avança :

— Au nom du ciel, demandait-elle, que se passe-t-il, qu’est-ce que cela signifie ?…

Mais Lecoq n’était pas homme à conter ses affaires dans un corridor tapissé d’oreilles, et c’est seulement quand il eut repoussé la jeune femme dans sa mansarde, la porte refermée, qu’il lui répondit.

— Il y a que nous venons de donner la chasse à un complice des meurtres de la Poivrière. Il arrivait espérant vous trouver seule, notre présence l’a effarouché.

— Un assassin !… balbutia Toinon, en joignant les mains. Que pouvait-il me vouloir ?

— Qui sait ? Il est à supposer qu’il est des amis de votre mari.

— Oh !… monsieur…

— Quoi !… Ne venez-vous pas de nous dire que Polyte a les plus détestables connaissances ! Rassurez-vous,