Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/138

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lant qu’aux yeux du féroce Américain comme à ceux du métis, sa vie devait avoir quelque prix, jusqu’au moment du moins où il aurait payé sa rançon.

« Votre Seigneurie, dit-il, devra considérer que, sachant seul où était enfoui le trésor, je ne dois pas légèrement exposer ma vie.

– Restez donc caché derrière ces rochers, dit El-Mestizo en tournant dédaigneusement le dos à Baraja, et il s’entretint pendant quelques minutes avec son père dans un dialecte que personne des assistants ne put comprendre.

Cette courte conférence avait lieu sur un glacis en pente douce formé par les rochers. Couchés sur ce glacis terminé par une espèce de gradin tapissé de buissons, les Indiens étaient presque debout, la tête à la hauteur des premières pousses, et, bien que moins élevés que leurs adversaires, ils pouvaient eux-mêmes, étant à l’abri, profiter du plus léger mouvement qui les découvrait.

« En leur promettant la vie, ils se rendront, dit le métis en finissant.

– Et nous leur tiendrons parole, puisque nous devons les livrer vivants aux Indiens, » ajouta le père avec un féroce sourire.

En même temps le père et le fils gravirent le talus à moitié et levèrent la main sans se montrer eux-mêmes au-dessus du niveau des buissons.

« Attention, dit Pepe agenouillé derrière les deux sapins, les hostilités ou les pourparlers vont commencer ; je vois deux mains qui dépassent la crête des rochers et s’agitent en signe de paix. Eh mais !… ces mains ne tiennent pas le calumet… et les vêtements qui couvrent les bras ne sont pas ceux des Apaches… À qui donc avons-nous affaire ? »

Pepe avait prononcé ces paroles et fait ces observations avec une extrême rapidité, quand une voix forte se fit entendre :