du cheval de ce dernier, qui le dessella et le débrida lui-même.
Lorsqu’il eut fini cette besogne, qu’il avait accomplie avec la plus imperturbable taciturnité, l’Anglais ramassa un objet déposé par terre à côté de sa valise, et, le montrant aux vaqueros couchés :
« Ce chapeau, dit-il, appartiendrait-il par hasard à quelqu’un d’entre vous ?
– Oui, répondit l’un des Mexicains avec surprise ; c’est le chapeau que portait Francisco il n’y a pas plus de quelques heures. »
Le chapeau fut passé de main en main, et tous le reconnurent pour celui du vaquero dont ils attendaient, ou plutôt dont ils n’attendaient plus le retour.
« Que vous avais-je dit ? s’écria Encinas ; n’y a-t-il pas un sort attaché à celui qui poursuit de trop près le Coursier-blanc-des-Prairies ? »
Ce dernier incident eût achevé de donner à tous les auditeurs du chasseur de bisons une foi robuste et implicite en son récit, quand bien même, au nom du Coursier-Blanc, l’Anglais ne se fût écrié :
« C’est lui précisément que je poursuis depuis le Texas jusqu’ici ; l’avez-vous vu ?
– Il est venu boire ce soir au lac que vous voyez près d’ici. Est-ce donc vous qui avez offert mille piastres à un vaquero texien pour vous l’amener ? demanda Encinas.
– Précisément, et je les offre encore à celui qui pourra le prendre ; car j’ai juré de ne pas revenir dans mon pays sans ce merveilleux coursier. Voyons, y aura-t-il parmi vous quelqu’un jaloux de gagner la récompense promise ? »
Les vaqueros secouèrent la tête, et pas un d’eux n’éleva la voix pour se nommer.
« On sait trop ce qu’il en coûte pour essayer de prendre un cheval dont les sabots sans fers arrachent des