Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/370

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sance, ajouta le Canadien en tirant, comme son compagnon d’armes, un immense soupir de ses vastes poumons.

– Qui m’appelle ? » reprit Pedro Diaz, car c’était bien lui, mais sans se retourner et en continuant de montrer de la pointe de sa rapière les deux corps flottants ensemble.

Personne ne répondit ; l’attention des deux chasseurs était absorbée par le spectacle qui se passait sous leurs yeux.

Trois des nageurs venaient de saisir enfin les deux lutteurs acharnés, et trois couteaux se plongèrent à la fois dans le corps de l’un d’eux. Celui-ci ouvrit les bras et disparut sous l’eau, tandis que l’autre poussait un cri étouffé et se laissait entraîner vers la rive aussi immobile que son ennemi naguère si terrible, et dont le fleuve emportait maintenant les restes inanimés.

Il était temps ; car le jeune Comanche, déposé quelques instants après sur la berge, ne donnait d’autres signes de vie que de faibles tressaillements. Avidement penchés sur son corps, tous épiaient le retour de l’air vital dans ses poumons. Rayon-Brûlant avait été plutôt étouffé par son ennemi qu’asphyxié par l’eau, et, à mesure que le temps s’écoulait, la vie renaissait graduellement dans sa poitrine.

« Ah ! c’est vous, seigneur Bois-Rosé, et vous aussi, seigneur don Pepe, s’écria Pedro Diaz quand il fut désormais sans inquiétude sur le sort du Comanche ; vous avez donc échappé à ces brigands ? Et vous aussi, Gayferos ? Eh bien ! c’est un jour heureux que celui-ci. Mais, continua le Mexicain, je ne vois pas avec vous… »

Et Diaz semblait chercher de l’œil quelqu’un qui manquait à cette rencontre.

« La main de Dieu s’est étendue sur moi, dit le vieux coureur des bois ; il a séparé le père d’avec le fils.

– Il est mort ! s’écria Diaz.