Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/441

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– Oui, oui, reprit le loyal aventurier ; j’engage mon honneur et je vais vous donner l’exemple. »

Le métis se retourna vers son père ; tous deux échangèrent un odieux et féroce sourire.

« Attention, lui dit Sang-Mêlé.

– Mon frère a tort, dit le Comanche ; le serpent venimeux, pour siffler parfois comme l’alouette des champs, n’en est que plus à craindre. Attendez au moins qu’il se montre.

– Wilson !

– Sir.

– Vous tirez comme Guillaume Tell, reprit sir Frederick. Je vous verrais avec plaisir accompagner ce brave garçon pour le protéger au besoin.

– Volontiers, » dit l’Américain.

En même temps, on entendit les broussailles craquer, et les deux pirates des Prairies apparurent sur la lisière du bois, au même moment où seuls aussi tous deux, Diaz et l’Américain se montraient sur la digue des castors.

Les quatre parlementaires se considérèrent un instant en silence. C’était pour la première fois, on peut le dire, malgré une précédente rencontre dans la nuit, près du val d’Or, que Diaz voyait les deux bandits ; mais, si leur physionomie avait quelque chose de sinistre à ses yeux, il n’en laissa rien paraître. Quant à Wilson, il connaissait déjà de vue les deux brigands renommés qui se trouvaient devant lui.

Sang-Mêlé s’avança de six pas environ au delà des derniers arbres du bois, Diaz d’une distance double à peu près. L’Américain resta sur la digue, appuyé sur sa carabine ; Main-Rouge gardait la même attitude sur la lisière épaisse de buissons qu’il venait de franchir.

Diaz, d’un pas ferme, vint prendre la main que lui tendait le métis, et il sentit, mais trop tard, que sa loyauté n’avait pas assez tenu compte de la perfidie du brigand,