Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/204

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tions guerrières fort peu compatibles avec notre chétif équipement. Le Jarocho me tendit la main.

— Je suis fort aise de vous voir satisfait, reprit-il, car il m’eût été bien pénible de devenir l’ennemi d’un homme qui s’est montré aussi loyal que brave, j’ai d’ailleurs une autre querelle à vider, et j’eusse manqué à un grave devoir en me battant avec vous avant d’avoir terminé l’affaire que je laisse en suspens.

Nous reprîmes notre marche après avoir échangé ces explications. Alors, pour donner une autre direction à l’entretien, me rappelant les dernières paroles des deux cavaliers qui s’étaient séparés à l’embranchement des deux chemins :

– Vous avez, à ce que j’ai ouï dire, un fandango demain à Manantial ? demandai-je à mon compagnon.

— Oui, et au diable soit-il ! J’avais promis à ña[1] Sacramenta un nœud de rubans rouges, et je reviens sans en avoir pu trouver le plus petit bout dans les environs. Tout à l’heure, quand vous m’avez rejoint, je maudissais ma mauvaise étoile. Peut-être venez-vous aussi à Manantial pour assister au fandango ?

— Oui, lui dis-je, mais c’est le hasard seul qui

  1. Ña, abréviation de « doña, » usitée dans cette partie du Mexique.