Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/223

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Jarochos des villages voisins allaient arriver de tous côtés. Le soleil, dans toute sa force, versait un torrent de lumière éblouissante. L’ombre des palmiers déjà moins perpendiculaire, marquait deux heures après midi. Des cavaliers arrivaient en foule, mettaient pied à terre et attachaient aux troncs des arbres et aux piliers des maisons leurs montures aux flancs fumants. Ce fut bientôt un pêle-mêle d’hommes et de chevaux ; les hennissements, les cris, les éclats de rire et les préludes des guitares résonnaient de tous côtés. Des cercles se formaient suivant les goûts de chacun autour des tables de jeu, des débits de liqueurs ou de l’estrade réservée aux danseuses. Ce fut dans ce dernier que je m’établis en observateur. C’était le centre où les passions les plus fougueuses allaient se développer dans toute leur effervescence.

L’estrade, élevée à quelques pouces du sol, n’attendait plus que les danseuses, qui devaient seules y figurer, car par suite d’un usage bizarre, commun à tous les villages de Vera-Cruz, les hommes restent spectateurs des danses qu’elles exécutent entre elles. Un Jarocho s’assit par terre près de l’estrade, croisa les jambes, et, d’une main vigoureuse, commença de racler de la mandoline. Huit ou dix danseuses s’empressèrent de répondre à cet appel, firent un tour sur le parquet et commencèrent à danser. Assez