Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/5

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nent la sierra élèvent majestueusement leurs sommets couverts de neiges éternelles, que les rayons obliques du soleil teignent d’un rose pourpre. L’un, le Popocatepetl (montagne fumante), se dessine en forme de cône sur l’azur foncé du ciel ; l’autre, l’Iztaczihualt (la femme blanche), présente l’image d’une nymphe couchée qui livre ses épaules de glace aux dernières caresses du soleil. Au pied des deux volcans, étincellent comme des miroirs trois lagunes où les nuages se reflètent, où les cygnes prennent leurs ébats. À l’ouest, le palais de Chapultepec, lieu de plaisance des anciens vice-rois de la Nouvelle-Espagne, déploie ses lignes imposantes. Autour de la montagne sur laquelle il est bâti, s’étend et ondule, semblable à une mer de verdure, une forêt de cèdre dix fois séculaire. Du sommet de cette montagne, un torrent s’élance, franchit la plaine, contenu dans un aqueduc aux arches massives et vient, du tribut de ses eaux, fournir abondamment aux besoins d’une cité populeuse. À droite, à gauche, de tous côtés, des villages, des clochers, des coupoles, s’élèvent du sein de la vallée. Des sentiers poudreux s’entrecroisent comme des rubans d’or sur la verdure ou le long de flaques d’eau jetées çà et là. L’arbre du Pérou, le saule pleureur des sables, incline, au souffle de la brise, ses rameaux échevelés, ses fouilles odorantes, ses grappes de baies rouges,