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LE CORSET.

sous du lien. Les résultats de cette constriction, résultats que nous constatons tous les jours, sont les suivants :

L’estomac par sa partie supérieure, orifices et petite courbure, est fixe. Sa grande courbure, au contraire, est douée d’une grande mobilité. Au moment des repas, les aliments sont introduits à l’aide de contractions de l’œsophage et par leur propre poids.

Pendant la digestion, la partie antérieure de l’estomac se rapproche de la paroi abdominale sur laquelle elle prend un point d’appui pour exécuter ses mouvements physiologiques ; mais lorsque l’expulsion des aliments doit se faire, la région pylorique se trouve au niveau de la compression. L’estomac est alors forcé de lutter et cette lutte n’étant pas dans son rôle, il se fatigue, les aliments séjournent plus longtemps qu’il ne convient dans sa cavité, ils y subissent par le fait de ce retard, des fermentations anormales, l’estomac se dilate et se déforme[1], son bord inférieur s’abaisse et il en résulte toutes les conséquences fâcheuses, bien connues maintenant depuis les travaux de M. le professeur Bouchard.

J’insiste sur ce point : les deux orifices de l’estomac sont comprimés, les mouvements physiologiques de cet organe sont gênés par la pression directe du corset et ces deux actions combinées s’opposant au rôle de ce viscère qui a besoin pour son bon fonctionnement de changer de volume et d’avoir de l’espace pour se développer, de ce viscère qui ne peut pas lutter contre les résistances mécaniques que nous lui appliquons, ces actions combinées, dis-je, entraînent des troubles graves des fonctions digestives et, par suite, de la nutrition générale. Il en résulte encore, par le fait de l’abaissement de l’estomac qui vient se loger au-dessous du corset, une augmentation de volume du ventre avec distension exagérée de la paroi abdominale lorsque les femmes sont vigoureuses, ou flaccidité lorsque leur santé est trop altérée. Si j’ajoute à cela les constipations opiniâtres surtout fréquentes chez les femmes et que j’attribue à l’usage du corset, les borborygmes qui se produisent lors d’un effort respiratoire, en montant un escalier, par exemple, et, du côté des organes génitaux, l’abaissement de l’utérus, je crois que le tableau sera suffisamment complet.

  1. Voir à ce sujet : Chabrié, De l’estomac biloculaire, Thèse de doctorat, 1894, Toulouse.