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LE CORSET.

l’estomac et accusent volontiers leur système nerveux de peur de voir toucher à leur corset. Elles jurent qu’elles ne sont pas serrées, et elles nous le démontrent en écartant le bord supérieur et le bord inférieur du corset, qui, en effet, sont assez lâches. Mais il suffira de voir les femmes attacher ce vêtement pour se convaincre des effets qu’il peut produire. Lorsqu’une femme met son corset, elle attache d’abord l’agrafe supérieure, puis l’inférieure. Ces deux points fixés, il reste dans l’intervalle un écartement ovalaire très allongé. Par conséquent, il manque de l’étoffe à la partie médiane. Pour arriver à faire joindre les deux bords, les femmes accrochent alternativement les deux agrafes extrêmes, manœuvre qui a pour but et pour résultat de vider l’épigastre de son contenu. Elles y parviennent, d’ailleurs, car voici exactement ce qui se passe :

À l’état normal, l’estomac remplit toute la région correspondant à l’espace situé entre la pointe du sternum et une ligne passant par la dernière vertèbre lombaire. Il a la forme d’une cornemuse et présente deux orifices le cardia, le pylore et deux courbures.

La petite courbure, ainsi que les orifices sont fixes, la grande courbure, au contraire, est mobile. L’estomac varie de dimensions selon qu’il est en état de vacuité ou de réplétion. Pendant la digestion, aussitôt après l’introduction des aliments, les deux orifices se ferment, ainsi que l’a démontré M. Laborde ; les aliments viennent les uns après les autres se mettre en contact avec les sucs digestifs, et ce n’est que lorsque le suc gastrique a complètement digéré tout le bol alimentaire que le pylore s’ouvre pour le laisser passer. Pour favoriser ces mouvements, l’estomac se redresse, se rapproche de la paroi abdominale sur laquelle il prend un point d’appui ; de la sorte, la fibre musculaire stomacale est renforcée par les muscles droits et le bol alimentaire est expulsé très facilement. Pour que la circulation alimentaire puisse s’effectuer d’une façon normale au moment de l’évacuation, il faut que le trajet des aliments soit à peu près horizontal, c’est-à-dire que la grande courbure de l’estomac ne soit pas sensiblement inférieure au niveau du pylore. Il faut par conséquent que, même distendu, l’estomac conserve la position que nous avons décrite plus haut. Il la conserve effectivement lorsqu’on se trouve dans les conditions normales, c’est-à-dire lorsqu’on n’est pas serré à la taille.