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LE CORSET.

s’impose, il faut qu’elle soit complète, absolue. Bien entendu, j’ai l’intention de vous décrire ce que je comprends en tant que corset ; je m’attacherai à être très claire de façon que mes idées puissent être bien comprises et sérieusement jugées, prête à discuter les objections que pourront formuler mes lectrices.

1o L’application du corset ne doit plus se faire sur les mêmes régions que précédemment ; les points d’appui seront tout différents. Je m’explique : jusqu’ici c’était sur la taille, c’est-à-dire sur la région épigastrique que s’exerçait la pression principale ; les parties comprimées ou soutenues, si l’on préfère, étaient les parois thoraciques, l’épigastre et les seins. En un mot, qu’on me permette cette comparaison, le corset était thoracique. Je me sers, pour lui donner cette définition, du point de repère fourni par la taille. Le corset thoracique comprimait donc tous les organes situés au niveau de la taille et au-dessus. Ce mode de constriction, je ne saurais trop le répéter, est défectueux et, quoi qu’on fasse, le sera toujours, et cela pour plusieurs raisons. D’une part, les parties osseuses au niveau de la taille ne sont pas suffisamment étendues, elles ne sont représentées que par un axe, la colonne vertébrale, entourée de parties molles qu’on peut absolument ligoter, pour ainsi dire, autour de lui. Plus haut, les parois osseuses, naturellement mobiles, ont besoin de cette mobilité et sont impropres à servir de point d’appui. Or, elles sont toujours comprimées. Enfin, en pressant d’une façon constante sur des organes qui n’ont pour ainsi dire pas de soutiens inférieurs, on doit fatalement obtenir leur déplacement. C’est exactement ce qui se passe d’ailleurs et que j’ai longuement décrit plus haut. Ces trois raisons sont aussi positives et aussi simples à démontrer qu’un théorème. Je ne crois pas qu’on puisse laisser à la femme la liberté de se serrer.

Je conseille donc d’abandonner le corset thoracique et je propose d’adopter ce qu’on pourrait appeler un corset abdominal, c’est-à-dire un corset embrassant le bassin tout entier, sans le comprimer, car la compression sera impossible. Ici, en effet, les os entourent presque entièrement cette région, ils sont fixes, larges, très résistants, ils emboîtent la masse intestinale en débordant au-devant d’elle, dans les cas normaux, et sont très suffisants pour la protéger.

Le plan de la ligne d’appui de l’appareil sera oblique et incliné en avant, de telle sorte que, s’il existe une pression, celle-ci se