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— Oui, messieurs, dit le curé en mettant sa calotte, c’est là que se reconnaîtront les braves gens.

— Et qu’ils se compteront, ajouta M. Maujars en donnant une poignée de main aux paysans qui se trouvaient là.

— Nous verrons bien, fit Renardet en me lançant un regard de défi.

— Espérons, dit à son tour Cafardot, qu’avec l’aide de Dieu nous l’emporterons.

— Tu auras beau te démener, Caboche, fit Mathurin en me donnant un coup de poing dans l’estomac, par manière de plaisanterie, c’est nous qui triompherons.

Pour moi je ne dis rien, je me contentai de rire dans ma barbe, car les paysans de Neubourg avaient confiance en moi qui étais un des leurs, tandis qu’ils se défiaient des ventrus et leur promettaient leurs voix avec la ferme intention de ne pas les leur donner.

Voici ce qui arriva :

Le dîner de M. Moutonnet fit grand bruit dans Neubourg. On dégoisa, comme bien vous pensez, et sur la colère du curé et sur le renfoncement que le père Sergent avait donné à l’empereur bien aimé du père Mathurin, et sur les bravades de Françoise, et sur les mauvaises raisons des royalistes. Si bien que cette conversation, au lieu de tourner à leur profit, tourna contre eux.

La liste des ventrus obtint 47 voix sur