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Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/175

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du canada


marianson, dame jolie


La complainte de Marianson doit être fort ancienne. On y respire le moyen-âge à pleins poumons… — non pas le moyen-âge dans ce qu’il a de bon, mais dans ses faiblesses, et tel qu’on a presque toujours le soin de le représenter.

Que le mal, qui est de tous les siècles, ait existé, dans le moyen-âge, chez ces peuples de l’Europe nouvellement conquis à la foi et à peine sortis du paganisme et de la barbarie, nul ne songe à le nier. Mais il y a cette différence entre le mal de ces temps-là et le mal d’aujourd’hui que celui-ci est organisé, qu’il s’étale au grand jour, qu’il se glorifie lui-même, qu’il appelle héroïsme, vertu, justice, l’assassinat, la spoliation, l’injustice ; qu’il nie l’autorité divine ; que, par la bouche de ses sociétés secrètes, il proclame ce principe : que la paix de l’âme réside dans la négation de Dieu ; tandis que celui-là n’est qu’une défaillance passagère, souvent très grave et très-blâmable sans doute, mais qui rougit d’elle même, ne cherche pas à se propager, et à laquelle survit toujours la foi.

Au moyen-âge, l’action du christianisme s’exerçait sur une société qui, je le répète, sortait de la barbarie. Ce que ces siècles ont produit de bon venait surtout du christianisme ; ce qu’ils ont produit de mauvais venait surtout de la barbarie ; mais l’organisation sociale créée par l’Église, avec ses mille moyens de protéger les faibles,