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Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/252

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chansons populaires

fragments tronqués, informes, de cantiques et de psaumes, quelques refrains écornés de chansons. Il me reçut très poliment et s’excusa de ne pouvoir me rendre service. « Mais, ajouta-t-il, si vous voulez entendre de belles chansons, — des vraies belles, — vous n’avez qu’à aller chez mon oncle Pierrot-Paul-Antoine, à trois lieues d’ici : il peut vous en chanter pendant huit jours ! »

Mais s’il y a quelqu’ennui à recueillir les poésies et les chants du peuple, il y a aussi des jouissances véritables pour faire compensation. Et parmi ces jouissances, il en est peu que je goûte autant que celle d’entendre prononcer le nom d’une ville, d’une place forte, d’un port de mer du beau pays de France par ces bons paysans canadiens, qui chantent encore, souvent sans y penser, le doux pays où leurs pères vécurent, travaillèrent et aimèrent, fidèles à Dieu, à leur roi et à leur patrie.

Le Canada ne manque pas d’attraits pour le visiteur étranger ; mais je ne crois pas que rien ne soit plus propre à impressionner délicieusement le voyageur français, qu’une de ces joyeuses scènes de la vie de nos campagnes, une épluchette de bled-d’Inde, par exemple, où il entendrait chanter : Sur le pont d’Avignon, — Dans les prisons de Nantes, — M’en revenant de la jolie Rochelle, — C’est dans la ville de Rouen, — À Saint-Malo, beau port de mer… ; ou bien encore ce couplet de la chanson qui va suivre :

 
 .....................
Je m’en irai dedans Paris
Pour fonder une école ;
Toutes les dames de Paris
Viendront à mon école… etc.