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Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/267

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du canada
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femmes malades par dessus des charbons allumés la veille, pour obtenir une heureuse délivrance. »

Dans le Plaid du concile de Lestines ou Leptines, qui s’assembla en 742, d’après le désir de Karloman, duc des Français, on remarque un catalogue des superstitions païennes alors en usage, « entr’autres celle du feu de Nodfir, au mois de juin, allumé en frottant l’un contre l’autre des morceaux de bois, pour faire des feux de joie en l’honneur des dieux et des déesses ; l’attouchement des flammes ou de la fumée attirant de prétendues bénédictions. »

Le meilleur moyen de couper court à ce reste de paganisme était de transformer cette fête de la superstition en une fête chrétienne, et c’est ce que l’on fit.

M. LaRue a bien voulu me passer la petite note suivante touchant la cérémonie du dernier feu de la Saint-Jean dans sa paroisse natale :

« Il y a cinquante-cinq ou cinquante-six ans que le dernier feu de joie de la Saint-Jean a eu lieu à Saint-Jean de l’Île d’Orléans.[1] C’était la grande fête de l’Île ; le feu se faisait la veille de la fête et était précédé du salut. Les habitants des paroisses voisines s’y rendaient en foule, tous à cheval. Avant ce temps, les femmes s’y rendaient aussi, et à cheval, en trousse. Le bois du bûcher consistait en éclats de cèdre, toujours fournis par le même, Laurent Fortier, dont les enfants vivent encore à Saint-Jean. Le curé bénissait d’abord le bûcher, puis battait du briquet et y mettait le feu. Les désordres sans nombre qui accompagnaient la cérémonie l’ont fait abolir. »

  1. Ceci était écrit en 1865, date de la première édition de cet ouvrage.