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Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/289

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du canada
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jacquot hugues


Jacquot Hugues n’est pas un être fictif ; il a bien réellement existé, et vécu de longues années dans le comté de Rimouski, où il est mort, il y a une vingtaine d’années, sans laisser de postérité.

Il est bon de savoir que c’était un être bien original que ce Jacquot Hugues. Il était grand de taille, et, quoique Français de naissance, on l’appelait le Sauvage, à cause sans doute de son teint très-basané, mais aussi à cause de ses allures excentriques et de sa coutume de porter des mitasses, avec ornements en babiche.

Il lui arriva un jour de s’emparer d’une baleine. Après qu’il l’eut dépecée et qu’il en eut extrait l’huile et la graisse, ses voisins s’en vinrent chez lui pour se partager le résidu, les cretons, comme cela était d’usage ; mais voilà mon Jacquot Hugues qui ne veut pas donner mais vendre ses cretons, et qui se met en frais de peser sa marchandise avec une romaine. C’en était bien assez pour se faire chanter ; néanmoins la verve des rimeurs de l’endroit se contint pour le moment ; mais lorsque, à quelque temps de là, on entendit dire que Jacques Hugues, le Sauvage, le vendeux de cretons, faisait des démarches pour se faire élire membre du parlement, toute digue fut rompue, et les couplets que l’on va lire volèrent de bouche en bouche, si bien que je les ai entendu chanter à plus de cent lieues de l’endroit où ils furent composés.