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chansons populaires
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perrette est bien malade —
chez mon père ya trois filles


La chanson de Perrette étant chantée dans toutes nos campagnes, et par les gens du peuple, j’ai cru devoir lui donner place ici, mais j’avoue que sa musique, aussi remarquable par sa distinction que par son caractère antique, semble accuser une origine peu populaire. Paroles et musique sont peut-être nées au milieu de « ces prés fleuris qu’arrose la Seine, » dans Lutèce la chantante elle-même, alors que l’école littéraire dite sentimentale peuplait le Louvre et Versailles de bergers et de bergères.

Dans tous les cas, les couplets de Perrette est bien malade, de même que ceux de Chez mon pèr’ ya trois filles, qui semblent en être une variante plus populaire, ne sont certainement pas canadiens. Les mots : aubade, musette, et tambour sont là pour le prouver.[1].

Chez mon père ya trois filles se chante sur la première

  1. Il est important de remarquer que le peuple, en Canada, ne fait pas usage d’instruments à sons fixes, tels que la vielle et les différentes sortes de musettes ou cornemuses : le biniou, le bag-pipe, etc ; que le violon est le seul instrument dont se servent nos virtuoses campagnards ; et que, conséquemment, on ne saurait attribuer aux exigences d’instruments à sons fixes le fait que nos chants populaires appartiennent presque exclusivement au genre diatonique.

    Le tambour, dont nos paysans ne font pas non plus usage, était autrefois un instrument très en vogue en Canada, avant l’arrivée des blancs. On le regardait presque comme quelque chose de sacré, parce que les jongleurs s’en servaient toujours dans les chants qui accompagnaient leurs magies. C’est si bien le cas que les premiers missionnaires de la Nouvelle-France ne considéraient un sauvage bien converti que lorsque celui-ci avait brisé son tambour. Le Frère Gabriel Sagard dit, en parlant d’une coutume montagnaise : «  … Je m’oubliais de parler des violons ou instruments musicaux aux sons desquels, & des chansons des deux chantres, tout le branle alloit &