Aller au contenu

Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
330
CHANSONS POPULAIRES

ment avec le plain-chant, une musique mesurée, populaire, « essentiellement différente du chant de l’église. »[1]

Si donc on connaissait la mesure au moyen-âge, et que, néanmoins, le chant plane était toujours conservé dans l’église, on ne saurait dire qu’on ne faisait pas autrement par ignorance ; il faut reconnaître au contraire que ce chant non mesuré a sa raison d’être, son expression propre. Et, apparemment, cette expression particulière convient singulièrement au sentiment religieux, puisque, pendant des siècles, le plain-chant au rhythme non-mesuré régna en souverain dans le sanctuaire, et que, de l’avis de tout juge éclairé, la musique mesurée, n’a jamais pu s’élever jusqu’à lui dans le domaine de l’art religieux.

« Il y a dans toute musique un rhythme indépendant de la mesure, puisque toute musique repose sur le son, et que pour tout son il y a deux périodes, la période qui correspond à l’arsis et celle qui correspond à la thesis, celle de l’élan et celle de la chute, celle de l’aspiration et celle de l’expiration, celle de la systole et celle de la diastole.

« Étendues jusqu’à une certaine série de sons que la voix parcourt avec diverses inflexions, ondulations et cadences, ces périodes produisent comme un flux et reflux sonores, et déterminent un certain parallélisme que l’on désigne précisément par le nom de périodes.

« Or, voilà en quoi consiste le principe vivant et fécond de la musique : c’est le jet, c’est le souffle, c’est l’âme. Et comme ce mouvement est intelligent et libre en lui-

  1. Voir le Résumé de M. Fétis, pages CXXXII et suivantes.