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Page:Gagnon - Le fort et le château Saint-Louis (Québec), 1908.djvu/114

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le fort et le château saint-louis

mement… » Elles sont « dures au travail, surtout parmi le peuple : on les voit toujours aux champs, dans les prairies, aux étables, ne répugnant à aucune espèce d’ouvrage… Les hommes sont extrêmement polis, et saluent en ôtant leurs chapeaux, chaque personne, indistinctement, qu’ils rencontrent dans les rues…

«  Chose curieuse ! tandis que beaucoup de nations imitent les coutumes françaises, je remarque qu’ici, ce sont les Français, qui, à maints égards, suivent les coutumes des Indiens, avec lesquels ils ont des rapports journaliers. Ils fument, dans des pipes indiennes, un tabac préparé à l’indienne, se chaussent à l’indienne et portent jarretières et ceintures comme les Indiens. Sur le sentier de la guerre, ils imitent la circonspection des Indiens ; de plus, ils leur empruntent leurs canots d’écorce et les conduisent à l’indienne ; ils s’enveloppent les pieds avec des morceaux d’étoffe carrés au lieu de bas, et ont adopté beaucoup d’autres façons indiennes. Un étranger entre-t-il dans la maison d’un paysan ou cultivateur canadien, aussitôt il se lève, salue le visiteur d’un coup de chapeau, l’invite à s’asseoir, puis il remet son chapeau et s’assied lui-même. Ici tout le monde est Monsieur ou Madame, le paysan aussi bien que le gentilhomme, la paysanne comme la plus grande dame…

«  Il y a une distinction à faire entre les dames canadiennes, et il ne faut pas confondre celles qui viennent de France avec les natives. Chez les premières on trouve la politesse qui est particulière à la nation française. Quant aux secondes, il faut bien faire une distinction entre les dames de Québec et celles de Montréal. La Québecquoise est une vraie dame française par l’éducation et les manières ; elle a l’avantage de pouvoir causer souvent avec les personnes appartenant à la noblesse, qui viennent chaque